Des Thierry aux Augustin-Thierry

Monogramme aux initiales d’Amédée Thierry (mais qui sont celles également de son frère, Augustin) retrouvé dans les archives.
Les deux historiens Thierry

La famille d’Augustin Thierry a tenu à cultiver sa mémoire. C’est d’abord le rôle d’Amédée, le frère, historien également, puis préfet, et, sous l’Empire, sénateur. Avec l’aide de Henri Martin, il fait paraître en 1858 la seconde édition des Œuvres complètes chez Furne, annoncée dans le testament mais précédée d’un « Avertissement des éditeurs ». Cette édition est effectuée d’après les dernières modifications dictées par Augustin Thierry. L’entreprise est familiale : Amédée sollicite son fils Gilbert, qui publie une « vie de M. Augustin Thierry » en tête de ces Œuvres complètes. En 1866, Gilbert, en fidèle neveu, dans le cadre de cette entreprise éditoriale, livre au public une nouvelle édition de l’Histoire de l’Angleterre en partie corrigée, selon les exemplaires retrouvés dans la chambre d’Augustin.

Parallèlement à cette activité éditoriale s’observent des gestes symboliques destinés à honorer la mémoire de l’historien, à l’échelle de la ville de Blois. En 1866 a lieu l’inauguration du buste d’Augustin Thierry donné par Amédée dans la grande salle de la Bibliothèque de Blois; en 1871, la rue du Bourreau est rebaptisée en rue Augustin Thierry; en 1872, le nom est donné au collège municipal dont le parloir est orné d’un buste de l’historien.

Après la mort d’Amédée en 1873, ses fils Gilbert et Jacques-Amédée reprennent le flambeau de la mémoire familiale, mais en la doublant d’une attention particulière à l’œuvre de leur père. Ils publient par exemple une deuxième édition en 1875 du livre de leur père, Saint Jérôme, la société chrétienne en occident. La même année Gilbert-Augustin dédie son premier ouvrage, un « roman historique, forme du grand art », L’Aventure d’une âme en peine, à « l’âme chère et douloureuse » de son père.

La dynastie des Augustin-Thierry

Bien introduit dans les milieux littéraires et artistiques de la fin du siècle, Gilbert n’en choisit pas moins, comme titre de noblesse littéraire, la mémoire de l’oncle contre celle du père. Le geste d’appropriation et de transfert le plus symbolique demeure en effet la discrète, et d’abord intermittente, adoption par Gilbert de faire glisser son propre second prénom, après la mort de son père, en patronyme composé : Gilbert-Augustin Thierry devient Gilbert Augustin-Thierry.

À la génération suivante, après le décès de Gilbert en 1917, son fils, Augustin, né en 1870, revendique également le patronyme prestigieux, au risque de la redondance, sans jamais pour autant chercher à obtenir un décret officiel de modification d’état civil: Augustin Thierry devient Augustin Augustin-Thierry.

La fille adoptive d’Augustin Augustin-Thierry, Baptistine, continuera à adopter ce patronyme composé. Elle n’a pas eu de descendant : ainsi s’achève la lignée des Augustin-Thierry.

Les seuls membres survivants de la famille Thierry, pour autant qu’il y en ait, descendent soit de la soeur d’Augustin et d’Amédée, soit de la fille de Gilbert Augustin-Thierry, Jacqueline, qui a épousé Robert Galoppe.